
La popularité croissante de la gestion passive — portée par les FNB indiciels à faibles coûts — alimente un débat légitime sur la valeur ajoutée de la gestion active. Réduire les frais est une règle fondamentale, mais la réalité est nuancée : la gestion active conserve un rôle stratégique lorsqu’elle est employée de manière ciblée et disciplinée.
Qu’est-ce que la gestion active ?
La gestion active vise à surperformer un indice de référence ou à atténuer la volatilité en sélectionnant activement titres et fonds. Son atout majeur est la flexibilité : capacité à exploiter des inefficiences, protéger le capital en phase baissière, ajuster l’allocation selon le cycle économique et intégrer des convictions thématiques ou contraintes ESG.
- Exploiter les inefficiences : arbitrer des titres mal prissés.
- Protéger le capital : réduire l’ampleur des drawdowns par des positions défensives.
- Adapter l’allocation : rééquilibrer tactiquement selon l’environnement macro.
- Intégrer convictions : mise en œuvre active de thématiques ou restrictions spécifiques.
Limites et contraintes de la gestion active
La gestion active présente des limites documentées :
- Des frais supérieurs (souvent +0,5 % à +1,5 %) comparés aux stratégies passives.
- La difficulté à surperformer de façon persistante après frais, surtout dans les segments très efficients.
- Une dépendance au talent du gestionnaire et au timing des décisions.
En résumé : l’alpha existe, mais il est rare et coûteux à capturer sans processus rigoureux.
La gestion passive : simplicité et efficience
La gestion passive réplique un indice via des instruments peu coûteux (FNB) et offre transparence, liquidité et faible friction. Sur de longues périodes, elle surpasse la majorité des gestionnaires actifs en moyenne. Ses limites : absence de protection contre les corrections de marché et exposition mécanique aux biais d’indice (concentration sectorielle, surévaluations).
- Frais de gestion : souvent < 0,20 %.
- Avantage : performance nette historiquement robuste pour l’investisseur long terme.
- Inconvénient : suit aveuglément les indices, y compris leurs distorsions.
Approche hybride : combiner les deux intelligemment
La pratique courante chez les gestionnaires avisés consiste à marier passif et actif selon trois schémas complémentaires :
1. Stratégie « noyau-satellite »
Le noyau (60–80 %) est passif, assurant exposition aux grands marchés à bas coût ; les satellites (20–40 %) sont confiés à des gérants actifs pour capter des opportunités où l’inefficience est plus marquée (small caps, marchés émergents, crédit privé, thématiques).
2. Gestion active de la répartition d’actifs
Même avec des instruments passifs, le gestionnaire peut ajuster tactiquement les pondérations entre classes d’actifs en fonction des signaux macroéconomiques, des cycles de taux et des anticipations d’inflation.
3. Combinaison défensive & croissance
On peut allouer une portion à des fonds actifs défensifs (protection du capital) tout en maintenant une base passive pour la croissance long terme (FNB actions mondiales).
Conclusion
La gestion active et la gestion passive ne sont pas des alternatives exclusives : elles se complètent. La première offre souplesse, capacité d’adaptation et potentiel d’alpha ; la seconde assure efficience, simplicité et faible coût. La stratégie la plus robuste consiste à combiner les deux, en fonction du profil de risque, de l’horizon et des convictions de l’investisseur.
Il ne s’agit pas de choisir un camp, mais de trouver l’équilibre entre coût, contrôle et conviction.